Il existe d’importantes variations de fréquence de la maladie de Crohn au cours du temps et dans l’espace.
D’abord, dans le temps car l’incidence (nombre de nouveaux cas par an) de cette maladie augmente quasiment dans tous les pays du monde surtout chez les adolescents, et explose dans les pays émergents.
Ensuite, dans l’espace car même au sein d’une même région, une hétérogénéité spatiale de l’incidence est rapportée, suggérant le rôle majeur de l’environnement dans la survenue de ces pathologies. En effet, 5 clusters de sur incidence et 5 clusters de sous incidence ont été mis en évidence dans la zone d’étude du registre Epimad.
Les zones dites « épidémiques » présentent de 58% à 87% plus de cas de maladie de Crohn que la moyenne de la région.
Les zones à faible risque de développer une maladie de Crohn présentent elles de 87% à 27% moins de cas de maladie que la moyenne de la région.
Devant l’absence de piste environnementale bien individualisée, il nous a semblé important de pouvoir comparer l’environnement entre la zone à risque la plus élevée de développer une maladie de Crohn et la zone la moins à risque.
Le concept d’exposome englobe l’exposition environnementale au cours de la vie dès la période anténatale. Les dents stockent de nombreuses informations sur nos exposition environnementales depuis la petite enfance.
Ainsi, une étude préliminaire observationnelle a été mise en place afin de comparer les exposomes de 10 sujets demeurant depuis au moins 8 ans dans l’épicentre (zone centrale d’un cluster) de la zone la plus à risque de développer une maladie de Crohn à ceux de 10 sujets demeurant depuis au moins 8 ans dans l’épicentre de la zone la moins à risque de développer cette maladie.
Cette étude ne nécessite pas de participation active des sujets concernés. Un accord est cependant requis pour disposer d’une dent extraite à l’occasion d’un soin dentaire pour chacun des sujets participants. Cette étude est désormais finalisée.
Les résultats nous ont amenés à poursuivre avec une étude complémentaire, nommée DENTACROHN, visant à étudier l’exposition environnementale d’enfants atteints de maladie de Crohn comparativement à des enfants sains, basée à nouveau sur l’exposome dentaire.
Ce projet devrait débuter en 2023.